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Des traitements de radiothérapie raccourcis à trois semaines au lieu de cinq pour toutes les patientes souffrant d’un cancer du sein : une étude présentée ce dimanche lors d’un congrès d’oncologie à Barcelone (Espagne) ouvre la voie à une « désescalade du fardeau thérapeutique ». Selon les organisateurs de l’Esmo, congrès annuel de la Société européenne d’oncologie médicale, ses résultats pourraient bientôt conduire à changer la prise en charge du cancer du sein. Aujourd’hui, le traitement recommandé pour un cancer du sein qui n’a pas métastasé, c’est cinq semaines de radiothérapie, soit 25 séances de rayons.

Des traitements de radiothérapie plus courts pour le cancer du sein

L’étude a évalué pendant cinq ans 1.265 patientes et comparé les effets d’une radiothérapie standard avec un nouveau schéma, dit « hypofractionné », c’est-à-dire raccourci à trois semaines. Toutes ces femmes étaient touchées par un cancer du sein avec atteinte ganglionnaire, ce qui signifie que la tumeur n’était plus localisée, mais s’était propagée aux ganglions lymphatiques. Une partie des patientes de l’étude ont reçu des doses un peu plus fortes à chaque séance.

« Quand on traite le sein, mais aussi les ganglions, on s’attaque à des volumes beaucoup plus grands, qui incluent des tissus sains comme le poumon, le cœur, ou l’œsophage, précise Sofia Rivera, oncologue-radiothérapeute, cheffe de service à l’institut français Gustave-Roussy. Donc avec une dose plus forte, on pouvait craindre davantage d’effets secondaires liés au traitement ». Les résultats de l’étude ont balayé cette crainte : « On a un taux de survie global, de survie sans récidive et sans métastase qui est même meilleur », se félicite l’oncologue.

Meilleure qualité de vie pour les patientes

Par ailleurs, ces femmes ont eu moins de rendez-vous au total. « Quand on m’a annoncé trois semaines au lieu de cinq semaines, j’ai dit ‘Youpi' », raconte Isabelle, 54 ans, au micro de franceinfo. Car baisser le nombre de séances limite le nombre d’allers-retours des malades vers leur centre de traitement : « On ne se rend pas compte. Ce sont des efforts à fournir pour votre corps. On doit se lever, commander le taxi, attendre le taxi, passer la séance, ce sont des angoisses à chaque fois, poursuit-elle. C’était très important pour moi dans ma vie de ne pas avoir ces deux semaines supplémentaires ».

L’étude menée depuis cinq ans montre que la radiothérapie sur trois semaines donne exactement les mêmes résultats que sur cinq semaines. « On peut proposer aux patientes un traitement moins contraignant pour la même efficacité et pas plus de toxicité », se réjouit l’oncologue Sofia Rivera auprès de franceinfo. Elle assure que c’est aussi bénéfique pour le système de santé avec « une radiothérapie moins couteuse » qui « va permettre également de raccourcir les listes d’attente et de prendre en charge d’autres patients, que ce soit des patients atteints d’un cancer du sein ou d’autres cancers ».

Des implications pour le système de santé

Ces résultats doivent désormais inciter les autorités à alléger le traitement par radiothérapie pour ces dizaines de milliers de femmes atteintes d’un cancer du sein chaque année en France. Un frein pourrait néanmoins retarder la mise en pratique de ce nouveau standard : la radiothérapie reste pour le moment rémunérée à l’acte et non au forfait. Il est donc aujourd’hui plus rentable pour les établissements de proposer un nombre important de séances.