Thales Alenia Space, un des principaux fabricants de satellites en France, a récemment annoncé la suppression de 980 emplois dans le pays, ce qui a provoqué une mobilisation importante parmi les salariés. Les manifestations ont eu lieu le mardi 17 septembre sur les sites industriels de Toulouse et de Cannes, attirant des centaines de travailleurs mécontents.
Guilhem Ganivet, un technicien syndiqué à Force ouvrière et employé chez Thales Alenia Space depuis 1996, a exprimé son choc face à la magnitude du plan de restructuration annoncé. Il a qualifié le plan de « débile et incohérent », soulignant que la charge de travail était garantie jusqu’en 2025. Les syndicats FO, CFE-CGC, CFDT et CGT ont appelé à la mobilisation des salariés pour protester contre ces suppressions d’emplois.
Le plan de restructuration de Thales Alenia Space, qui est une coentreprise détenue majoritairement par Thales et Leonardo, vise à supprimer un total de 1 237 emplois en Europe sur la période 2023-2025, dont 980 en France. Le site de Toulouse, spécialisé dans la fabrication de charges utiles de télécommunication, est particulièrement touché avec la perte de 650 emplois sur un effectif total de 2 700 personnes. De même, le site de Cannes, qui se concentre sur l’assemblage, l’intégration et les tests de satellites, perd 330 postes sur 1 800.
La direction de Thales Alenia Space a affirmé que les salariés concernés par les suppressions d’emplois seraient redéployés au sein du groupe Thales, assurant ainsi qu’il n’y aurait pas de perte nette d’emplois. L’objectif déclaré est de rendre l’entreprise plus rentable et compétitive à moyen terme dans le secteur des télécommunications spatiales.
Cependant, certains salariés, comme Cécile Larue, ingénieure système, remettent en question cette stratégie. Elle souligne que les compétences spécifiques du secteur spatial ne peuvent pas être facilement remplacées, surtout dans un contexte de cycles de production longs et complexes. De plus, le marché des satellites de communication géostationnaires civils connaît un tassement des commandes mondiales, ce qui a été avancé par l’entreprise pour justifier les suppressions d’emplois.
Les syndicats contestent également les justifications avancées par Thales Alenia Space. Ils soulignent que les nouveaux satellites numériques réconfigurables en orbite nécessitent moins de main-d’œuvre, mais que des difficultés technologiques ont retardé leur développement, ce qui a contribué aux suppressions d’emplois. Les syndicats insistent sur la nécessité d’établir une stratégie claire et une vision à long terme pour s’adapter à un marché en évolution constante.
Malgré les explications fournies par la direction de Thales Alenia Space, de nombreux salariés restent sceptiques quant à l’impact réel de ces suppressions d’emplois sur l’entreprise et sur le secteur spatial en général. La mobilisation des salariés et des syndicats reste forte, avec des revendications claires pour la préservation des emplois et la mise en place d’une stratégie de croissance durable pour l’entreprise.
En conclusion, la situation chez Thales Alenia Space souligne les défis auxquels sont confrontées les entreprises du secteur spatial en France et en Europe. La nécessité de concilier rentabilité économique et maintien de l’emploi dans un contexte de concurrence mondiale accrue représente un défi majeur pour l’industrie spatiale. Il est essentiel de trouver un équilibre entre l’innovation technologique, la compétitivité et le respect des travailleurs pour assurer un avenir durable pour le secteur spatial.