news-20092024-165903

Plus de trois mois après le procès et plus de cinq ans après le décès de Steve Maia Caniço dans la Loire, à Nantes, le tribunal de Rennes a rendu sa décision dans cette affaire le 20 septembre. Le commissaire Grégoire Chassaing, 54 ans, a été relaxé. Steve, un jeune animateur périscolaire qui ne savait pas nager, est décédé par noyade après une chute dans la Loire lors de la nuit de la Fête de la musique en 2019. Cette décision a été bouleversante pour ses proches, certains d’entre eux ont même éclaté en larmes à l’annonce de la relaxe.

Le commissaire Chassaing était poursuivi pour homicide involontaire, car l’intervention policière qu’il dirigeait cette nuit-là a conduit – involontairement – à la chute de Steve dans la Loire. Le tribunal correctionnel a estimé que le prévenu, le seul inculpé dans cette affaire, n’avait pas commis de « faute caractérisée ». L’analyse du téléphone de Steve a révélé qu’au moment de sa chute à 4 h 33 min et 14 secondes, une opération policière était en cours. Grégoire Chassaing avait demandé d’arrêter la musique vers 4h du matin, ce qui a déclenché l’intervention de la police lorsque deux DJ ont refusé d’obtempérer. Certains agents ont été pris pour cibles par des projectiles et ont riposté avec du gaz lacrymogène. Cependant, l’enquête a démontré que Steve n’avait pas participé à ces actes de violence.

Des policiers ont agi « sans ordre »

La présidente de la cour a souligné qu’il y avait une « concordance spatio-temporelle indiscutable entre la chute de Steve dans la Loire et l’utilisation des lacrymogènes, créant ainsi les conditions de sa chute au quai Wilson. » Elle a également critiqué l’absence de protection à cet endroit, ce qui a contribué au décès de Steve. Les témoignages ont laissé entendre que le jeune homme « n’était pas suicidaire ». La présidente a expliqué que le commissaire Chassaing n’avait pas donné l’ordre d’utiliser du gaz lacrymogène, mais que certains agents l’avaient fait de leur propre initiative, sans instruction préalable. Ces décisions ont été prises en réponse à des attaques de certains participants à la fête. La cour a reconnu que l’utilisation du gaz lacrymogène avait été une mesure de sécurité, bien que l’inspection générale de l’administration ait qualifié deux des décisions prises ce soir-là de « manque de discernement ».

« Grégoire Chassaing est un homme innocent »

Les avocats des proches de Steve ont exprimé leur déception face à cette décision et attendent que le parquet fasse appel. Me De Oliveira, représentant les proches du jeune homme, a déclaré que l’accusation devrait être maintenue. Me Pineau a souligné que cette décision reconnaissait certaines erreurs commises par la police, mais qu’elles ne pouvaient pas être directement imputées à Grégoire Chassaing. Pour lui, ces mauvais choix ont conduit à la mort de Steve dans la Loire. Du côté de la défense, l’avocat du commissaire a salué la décision du tribunal, affirmant que la justice avait été rendue et que Grégoire Chassaing était innocent. Il a souligné que cette décision reflétait la vérité factuelle et juridique de l’affaire.

« Manque de discernement »

Lors du réquisitoire en juin, le procureur avait lié la mort de Steve à l’action de la police. Les gaz lacrymogènes utilisés avaient réduit la visibilité, ce qui aurait contribué à l’accident. Le procureur avait estimé que le commissaire Chassaing avait manqué de discernement, constituant ainsi une faute caractérisée. En revanche, l’avocat du policier a plaidé la relaxe, arguant que la mort de Steve était un accident indépendant de l’action policière. Selon lui, Steve était éloigné du lieu où les affrontements ont eu lieu et serait tombé dans la Loire en se réveillant.

En conclusion, la relaxe du commissaire Chassaing dans l’affaire de la mort de Steve à Nantes a suscité des réactions contrastées. Alors que la défense se réjouit de cette décision, les proches de la victime expriment leur déception et leur incompréhension. L’affaire soulève des questions sur la responsabilité des forces de l’ordre dans de telles situations et la nécessité de garantir la sécurité lors d’interventions policières.