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Alors que le village de Maincy s’apprête à célébrer les 80 ans de la Libération, La Rep retrace la vie sous l’Occupation, au château de Vaux-le-Vicomte.

Les Allemands ont occupé le château de Vaux-le-Vicomte durant la Seconde Guerre mondiale ©Château de Vaux-le-Vicomte Par Agnès Braik Publié le 22 sept. 2024 à 14h56

A la fin de la Seconde Guerre mondiale, Maincy, en Seine-et-Marne, était libérée de le 25 août 1944. Avec quelques semaines de décalage, pour des raisons d’agenda et d’organisation, le maire Alain Plaisance célébrera les 80 ans de la Libération du village le samedi 5 octobre prochain, à 10 heures, au centre culturel et sportif Robert-Dubois, allée Michel-Lucas. Le peintre maincéen, Charles Goldstein, prononcera un discours sur les Justes, et les enfants de l’école présenteront leur travail sur la Shoah.

En amont de cette célébration, La République de Seine-et-Marne a souhaité revenir sur cette sombre période de l’Histoire à Maincy, et plus précisément au château de Vaux-le-Vicomte. Le comte Patrice de Vogüé, aujourd’hui décédé, et père des actuels propriétaires du château, consacre quelles pages à cette époque dans l’un des livres qu’il a rédigés. Il avait 11 ans en 1939.

## L’exode pendant l’Occupation

Lors de l’offensive allemande en France en 1940, la commune de Maincy, où stationnent des troupes françaises, est en ébullition. Le 3 juin, la ville voisine de Melun est bombardée, entraînant un mouvement de fuite des habitants vers le Sud. Craignant les combats, les populations s’enfuient, laissant derrière elles un paysage de dévastation. C’est l’exode, avec un déferlement hétéroclite d’humains civils et militaires, d’animaux, de chariots, de brouettes et de landaus que les aviateurs ennemis oseront mitrailler.

Faut-il rester à Vaux-le-Vicomte pendant cette période tumultueuse ? Les châtelains, Edme et Germaine Sommier de la famille de Vogüé, se posent la question. « J’hésitai, puis je pensai à la responsabilité d’exposer femmes et enfants du personnel », raconte Edme dans son journal intime inédit. Après mûre réflexion, la décision est prise d’évacuer le château le 14 juin, avec 43 personnes réparties dans 9 véhicules divers, incluant l’omnibus du domaine. Malgré les difficultés, la solidarité règne et Germaine tient à servir elle-même les repas quotidiens avec des paroles réconfortantes pour chacun.

## L’Occupation allemande au château

Le 26 juin, Edme ressent une émotion intense en revenant au château de Vaux-le-Vicomte. La bâtisse est intacte, mais un drapeau à la croix gammée flotte au sommet, marquant le début d’une période sombre d’Occupation. Les états-majors allemands investissent le domaine, transformant les lieux en quartiers généraux militaires. Les deux perrons du château sont défigurés par des guérites surveillées par des sentinelles.

Des baraquements sont érigés dans la cour de la Chapelle pour abriter les troupes chargées de la protection des officiers. La grande orangerie des communs devient le mess des soldats, ornée de croix gammées peintes au plafond, témoignant de l’occupation nazie. Malgré ces intrusions, Edme parvient à conserver l’usage de sept chambres dans les étages, mais les repas en famille se font dans le pavillon Choiseul, offrant un moment de répit en écoutant Radio-Londres.

## La Résistance et la Libération

Le neveu du couple, Jean de Vogüé, également résistant sous le pseudonyme Vaillant, doit se cacher dans la clandestinité en 1943 pour échapper à la Gestapo. Heureusement, malgré une fouille rapide du domaine, les nazis ne découvrent pas sa cachette, lui permettant de continuer sa lutte pour la liberté. A la Libération, des avions allemands larguent des bombes incendiaires sur le domaine, mais heureusement, celles-ci tombent dans le jardin et le parc, préservant ainsi le château de toute destruction majeure.

Le général américain qui aurait brièvement séjourné à Vaux-le-Vicomte aurait été tellement séduit par l’endroit qu’il aurait baptisé sa maison aux États-Unis « Vaux-le-Vicomte ». Cette anecdote témoigne de la fascination qu’exerce le château malgré les événements tragiques qu’il a traversés pendant l’Occupation.

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