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Revendications des Gilets Jaunes à Lyon : Des Doléances en Souffrance

L’expression d’une France en malaise, cristallisée dans les cahiers de doléances remplis lors du mouvement des « Gilets Jaunes », semble avoir sombré dans l’oubli aux archives départementales, y compris à Lyon. Certains regrettent que le gouvernement ait choisi de détourner le regard de ces revendications jugées vitales par beaucoup.

Des centaines de milliers de témoignages

Durant l’hiver 2018/2019, les municipalités de tous les départements avaient mis à disposition ces cahiers de doléances dans les mairies pour recueillir les plaintes et revendications des habitants, dans un contexte de crise nationale. Au total, des centaines de milliers de contributions ont été collectées à travers la France.

À Lyon, ces « cahiers citoyens » ont été numérisés et sont maintenant accessibles à tous, directement depuis les ordinateurs des archives départementales et de la Métropole, sur simple présentation d’une carte d’identité. Certains d’entre eux nécessitent une demande de dérogation sur place pour des raisons de protection de la vie privée.

Une plongée dans une France en crise

La lecture de ces carnets semble être un véritable voyage dans une France en crise à cette époque. Les mots, souvent écrits à la main, plus ou moins lisibles et correctement orthographiés, décrivent tous les maux que les Français ressentaient à l’époque. Parmi les principales revendications qui reviennent régulièrement : la retraite à 60 ans, le référendum d’initiative citoyenne, le rétablissement de l’impôt sur la fortune, la suppression du Sénat, la demande de moins d’immigration, l’amélioration du pouvoir d’achat, l’accès à un logement décent…

Des messages plus insolites sont également présents, illustrant une réalité quotidienne : « Trop d’excréments de chien sur les trottoirs partout dans le pays. Pas pratique quand on a une poussette ! », se plaint anonymement un habitant de Vaulx-en-Velin.

Le cri d’une retraitée

Régine Guillet, âgée de 70 ans, se souvient du jour où elle et son mari se sont rendus à la mairie du 9e arrondissement de Lyon, en février 2019, pour écrire une lettre à « Monsieur le Président », Emmanuel Macron. Ils demandaient notamment au Président de prendre en compte les petites retraites qui ne permettent pas de vivre dignement, ou d’arrêter de distribuer des allocations au-delà de quatre enfants pour les redistribuer aux personnes handicapées.

Ils estimaient également que supprimer la publicité à la télévision, considérée comme du « superflu », permettrait aux Français de se coucher plus tôt et ainsi d’améliorer leur santé, avec cette formule soulignée : « plus de sommeil = meilleure santé = économie pour la sécurité sociale ». « J’aurais aimé qu’on m’entende » avoue aujourd’hui Régine Guillet, contactée par l’AFP. Mais toutes ces doléances, « on n’en a pas entendu parler », déplore-t-elle. Pourquoi ? « Il y avait d’autres chats à fouetter. »

Le témoignage d’une retraitée engagée

Cette retraitée, autrefois propriétaire d’une petite entreprise de couture, continue de défendre ses positions, même si elle estime qu’il y avait « moins de problèmes qu’aujourd’hui » il y a six ans. Aujourd’hui, elle constate avec amertume une France marquée par la violence.

Alors que certains n’ont écrit qu’une seule ligne dans ces carnets, d’autres ont pris le temps et l’énergie d’écrire sur plusieurs pages, laissant même leurs coordonnées (comme les Guillet) dans l’espoir d’être recontactés. « PS : réponse personnalisée souhaitée », avait ainsi conclu Didier, un habitant de Marennes (sud de Lyon), qui semble avoir depuis abandonné l’attente devant sa boîte aux lettres.

Il est primordial de ne pas oublier ces voix qui ont tenté de se faire entendre à travers ces cahiers de doléances, reflétant les préoccupations et les aspirations d’une partie de la population française.