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Michel Barnier : Absence de lien avec une potentielle entrée au gouvernement

« Rien n’est acté », dit-on dans l’entourage du premier ministre, qui a promis un nouveau gouvernement « équilibré » dans le courant de la semaine. A Bercy, on ne croit pas qu’il y ait un lien entre cette démission brutale et la composition du gouvernement.

Budget 2025 : les lettres-plafonds transmises aux députés « dans la journée »

Le premier ministre enverra les documents du projet de budget pour 2025 « dans la journée » au président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, Eric Coquerel, lequel menaçait de venir chercher en personne à Matignon les lettres-plafonds fixant les crédits pour chaque ministère, a appris l’Agence France-Presse lundi, auprès des services de M. Barnier. Michel Barnier compte retarder la présentation du budget au 9 octobre. Les délais étaient décidément trop serrés. Jugeant impossible d’imprimer sa marque sur le projet de budget en respectant le calendrier prévu par la loi, Michel Barnier a décidé de se donner un peu de temps. Le nouveau premier ministre envisage à présent de transmettre le projet de loi de finances à l’assemblée nationale le 9 octobre, en oubliant la date butoir du 1er octobre prévue par la loi. « C’est une piste étudiée, en effet », a déclaré l’entourage de Michel Barnier au Monde, confirmant une information de Politico. Un tel retard constituerait une première historique. Ce report donne quelques jours de plus à Matignon pour modifier le projet de budget un peu minimaliste qui a été laissé par Gabriel Attal, et prévoit un gel des dépenses de l’Etat en 2025 par rapport au projet de loi de finances initial pour 2024. Le calendrier reste néanmoins très tendu. Avant de présenter le texte au parlement, Matignon doit en effet recueillir les avis des experts du Haut conseil des finances publiques et des juristes du conseil d’État. Ces feux consultations nécessitent au total environ 15 jours.

L’analyse du « Monde »

Matignon se refuse à établir un lien entre la démission de Thierry Breton à Bruxelles et sa potentielle entrée dans le futur gouvernement Barnier. La démission de Thierry Breton de la Commission européenne, annoncée lundi matin dans un communiqué, intervient alors que Michel Barnier planche sur la composition de son gouvernement. Mais Matignon se refusait dans la matinée à établir un lien entre cette démission à Bruxelles et la potentielle entrée de Thierry Breton dans le futur gouvernement Barnier. « Rien n’est acté », dit-on dans l’entourage du premier ministre, où l’on souligne que les deux hommes « se connaissent très bien et s’apprécient ». « Breton voudra un job au gouvernement, forcément », estime une source au sommet de l’Etat, tout en jugeant que « sa démission brutale » de la Commission européenne « complique les choses », car cela pourrait instaurer l’idée d’un bras de fer avec Ursula von der Leyen. A Bercy, en revanche, on ne croit pas qu’il y ait un lien entre la démission brutale de M. Breton et la composition du gouvernement. « Le feu couvait depuis longtemps » entre la présidente de la Commission européenne et lui, explique cette source. Mais de fait, ajoute-t-elle, le choix de M. Breton pour Bercy peut être envisagé alors qu’il ne l’était pas jusqu’ici. Selon Yves Bertoncini, consultant en affaires européennes, ex-président du Mouvement européen, « son affaiblissement bruxellois était difficile à accepter, et l’effet immédiat de sa démission peut signifier qu’il va s’engager ailleurs, mais le coup de sang est-il exclu ? On le saura vite… »

Nathalie Segaunes

L’ex-eurodéputé LR Arnaud Danjean rejoint le cabinet de Michel Barnier. Michel Barnier muscle son cabinet. L’ancien député européen Les Républicains (LR), Arnaud Danjean, 53 ans, occupe depuis le 9 septembre le poste de conseiller spécial auprès du nouveau premier ministre. Si les deux hommes ne sont pas intimes, ce spécialiste des questions de défense (marié à une Serbe, il a effectué plusieurs missions dans les Balkans pour la direction générale de la sécurité extérieure, à la fin des années 1990) a déjà travaillé au cabinet de Michel Barnier, en 2005, lorsque ce dernier dirigeait le Quai d’Orsay. Le nouveau locataire de Matignon a appelé, dès le lendemain matin de sa nomination, le 5 septembre, celui qui a siégé au Parlement européen pendant quinze ans (2009-2024).

La demande de destitution d’Emmanuel Macron sur le bureau de l’Assemblée mardi

La demande de destitution d’Emmanuel Macron, déposée par les députés La France insoumise (LFI), sera mardi matin à l’ordre du jour du bureau de l’Assemblée nationale, où la gauche est en majorité et déjà sous la pression des « insoumis ». Convoqué mardi à 9 h 30, le bureau de l’Assemblée, principale instance exécutive de la chambre, doit examiner en fin de réunion « la recevabilité de la proposition de résolution » signée par les 72 députés LFI, ainsi qu’une petite dizaine d’autres élus rattachés aux groupes écologiste et communiste. Une étape qui aura valeur de test pour le Nouveau Front populaire, en position de force depuis juillet avec 12 des 22 membres dudit bureau. Assez donc pour passer ce premier cap, à condition que pas une voix ne manque. Le Parti socialiste a décidé de ne pas s’y associer. Manière de mettre leurs alliés de gauche sous pression, après que plusieurs personnalités dont François Hollande et Marine Tondelier ont exprimé publiquement leurs réticences à cette procédure de destitution. A ce stade, la reprise des travaux est prévue le 1er octobre, à moins que M. Macron ne convoque une session extraordinaire fin septembre. Hypothèse suspendue à la nomination du gouvernement de Michel Barnier, auquel une partie de la gauche a déjà promis d’opposer une motion de censure.

Fabien Roussel : « La motion de censure est sous le coude »

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, a déclaré ce matin sur France Inter que les députés communistes « feront tout pour que la réforme des retraites soit abrogée », sans toutefois se prononcer sur le fait qu’ils pourraient ou non voter une proposition du Rassemblement national en ce sens. Interrogé sur le gouvernement de Michel Barnier, M. Roussel a admis n’avoir que « peu d’espoir ». « Nous censurerons en fonction de son discours, de ce qu’il va annoncer (…) mais on connaît le personnage. Cinquante ans de vie politique à droite… la motion de censure est sous le coude, elle est prête, on y travaille », a-t-il ajouté. « J’aimerais bien savoir ce que Michel Barnier a dans le ventre », a poursuivi le secrétaire national du PCF, interrogé sur le fait que le PCF – contrairement aux autres partis du NFP -, a accepté de rencontrer le premier ministre. « Nous avons toujours dit que nous étions pour le dialogue, pour l’échange, nous sommes constructifs et surtout combatifs ». « Nous, on va venir avec nos attentes, clairement exprimées (…) des exigences fortes », a ajouté M. Roussel au lendemain de la Fête de L’Humanité.

Jordan Bardella : « Si Michel Barnier est le continuateur d’une politique qui a été conduite par Emmanuel Macron, alors ce gouvernement tombera »

Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN), « le premier groupe à l’Assemblée nationale », a déclaré ce matin sur RTL que « si Michel Barnier est le continuateur d’une politique qui a été conduite par Emmanuel Macron depuis huit ans, alors ce gouvernement tombera ». « Si le gouvernement consiste à recycler Gérald Darmanin, Eric Dupond-Moretti, tous les pontes de la macronie jusqu’à M. Bertrand, (…) la censure ne sera pas uniquement celle du premier ministre, elle sera celle du gouvernement », a ajouté M. Bardella. Le RN « jugera sur pièce », selon son président, qui déclare, par ailleurs, ne pas croire « que ce gouvernement puisse tenir bien longtemps ». Interrogé au sujet du renforcement des peines, Jordan Bardella a par ailleurs confirmé ce que le président délégué du groupe RN, Sébastien Chenu, avait annoncé la veille sur Franceinfo. « Oui c’est vrai que j’ai proposé leur rétablissement », a affirmé ce matin M. Bardella, faisant référence aux peines planchers. A l’approche du procès de plusieurs cadres du RN, dans l’affaire des assistants parlementaires européens fictifs, M. Bardella a affirmé que son parti allait « démontrer [sa] bonne foi » et montrer leur « irréprochabilité » sur ce sujet. « Cela ne nous empêchera pas de faire de la politique » a-t-il déclaré, ajoutant que « Marine Le Pen aborde cette échéance avec beaucoup de sérénité ». Selon un article de Libération paru lundi 9 septembre, le président du RN aurait lui-même participé à l’élaboration de faux documents sur son travail d’assistant parlementaire européen. Interrogé à propos de ces révélations qui l’accablent, Jordan Bardella a déclaré n’avoir « strictement rien à [se] reprocher ». « Je n’ai jamais fourni le moindre document à aucune autorité judiciaire ou administrative, votre confrère de Libération commet une erreur, je ne suis pas concerné par cette procédure », a-t-il ajouté, précisant avoir porté plainte pour diffamation contre Libération.

Eric Coquerel : « avec Charles de Courson nous irons demain à Matignon »

Le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Eric Coquerel (LFI), qui considère que Michel Barnier a été choisi « pour continuer à appliquer le programme du macronisme », a confirmé ce matin sur France 2 que si le premier ministre ne lui faisait pas « signe » aujourd’hui pour lui transmettre les documents de sa proposition de budget pour l’exercice 2025, il irait « aux portes de Matignon », accompagné de Charles de Courson, le rapporteur général du budget. Avant cette menace de se rendre à Matignon, MM. Coquerel et de Courson avaient envoyé une lettre à M. Barnier mercredi dans le but d’obtenir ces « lettres plafonds », rédigées par le dernier chef de gouvernement, Gabriel Attal, et envoyées aux ministres le 20 août.

Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle semaine et sur ce direct politique

Peu de choses ont filtré ce week-end des consultations menées par le premier ministre. Après le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, samedi, M. Barnier a reçu dimanche le ministre des armées, Sébastien Lecornu, « dans le cadre des Jeux olympiques pour les remercier pour le travail accompli », a fait savoir Matignon. Dimanche, le patron du MoDem, François Bayrou, a prévenu sur BFM-TV qu’un exécutif à forte dominante de LR, « ça ne marcherait » pas. Il a par ailleurs déclaré que sa formation ne participerait pas à un gouvernement dominé par Les Républicains, qui ne disposent que de 47 députés.

L’ancien président de la République socialiste, François Hollande, a lui jugé dimanche « impossible » la participation de la gauche à un gouvernement dirigé par M. Barnier, dont le parti est « le plus petit de l’Assemblée », et qui veut « faire une politique plus à droite que la majorité précédente », avec « l’assentiment du Rassemblement national ».

Michel Barnier appelle à garder « l’esprit olympique » et à dépasser les clivages politiques

Le premier ministre, Michel Barnier, a appelé dimanche à garder « l’esprit olympique » et à dépasser les clivages politiques, au moment où il s’efforce de former un gouvernement avec des personnalités venues de divers horizons. « Quand les responsables politiques et le pays s’unissent, à tous les niveaux de l’action publique, et par-delà les clivages politiques, rien n’est impossible », a-t-il écrit sur X, au lendemain d’une ultime fête olympique sur les Champs-Elysées. « C’est tous ensemble, en mettant de côté les sensibilités politiques, et en pensant seulement au bien commun, que ce rêve a été réalisé », a-t-il souligné. « Gardons l’esprit olympique ! », a-t-il ajouté. Soucieux de former un gouvernement qui obtienne le soutien le plus large possible dans une Assemblée où une majorité est difficile à atteindre, le premier ministre a également salué le rôle joué dans l’organisation des Jeux par des élus qui ne font pas partie du camp présidentiel, notamment Valérie Pécresse, la présidente (LR) de la région Ile-de-France, et Anne Hidalgo, la maire (PS) de Paris.

François Bayrou favorable au « renouvellement intégral ou quasi intégral du gouvernement »

Le patron du MoDem, François Bayrou, a assuré dimanche qu’il était favorable à un renouvellement « intégral ou quasi intégral du gouvernement », tout en prévenant qu’une « mainmise » du parti Les Républicains sur l’exécutif du premier ministre, Michel Barnier, « ne marcherait pas ». « Je suis pour le renouvellement intégral ou quasi intégral du gouvernement, pour qu’on ait une autre approche, une autre sensibilité, d’autres visages », a déclaré M. Bayrou sur BFM-TV, à un moment où Michel Barnier multiplie les contacts pour former son exécutif.

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