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Le gouvernement de Michel Barnier a été annoncé ce samedi après seize jours de consultations. Il compte 39 ministres, dont 19 de plein exercice, mais aucun ministère, ministère délégué ou secrétariat d’État ne comporte le handicap ou les personnes handicapées dans leur intitulé. Le gouvernement précédent comptait une ministre déléguée en charge des Personnes handicapées. Deux semaines après la fin des Jeux paralympiques, plusieurs acteurs du secteur s’inquiètent d’une dilution de ces questions dans un portefeuille plus large.

### Des préoccupations légitimes

Dans un message posté sur les réseaux sociaux, le ministre des Solidarités, de l’Autonomie et de l’Égalité entre les femmes et les hommes – qui sera chargé du handicap – a tenu à rassurer. Florian Deygas, administrateur de France Sclérose en Plaques, est particulièrement gêné de ne pas voir apparaître le mot « handicap » dans l’intitulé du ministère qui sera chargé de ces questions. « Je le vis comme un recul pour l’inclusion et l’accessibilité des personnes en situation de handicap », a-t-il confié sur franceinfo. « Nous avons eu Sophie Cluzel pendant cinq ans, ensuite Fadila Khattabi qui était ministre déléguée. Et là on perd un interlocuteur dédié, unique », a déploré cet élu local dans les Landes qui se dit « stupéfait et en colère comme de nombreuses personnes en situation de handicap ».

D’après Florian Deygas, la présence d’une ministre déléguée permettait « d’avoir l’opportunité de parler avec elle directement, d’être reçus directement sans qu’elle ait à être parasitée par un autre portefeuille ». Selon lui, « le handicap ne doit pas être dilué dans l’autonomie ». D’autant que de nombreux « défis » doivent être relevés, insiste l’association pour la Prise en compte du Handicap dans les politiques Publiques et Privées (APHPP). Dans un communiqué, elle a assuré que les questions des « ressources », de l' »accessibilité », de l' »emploi » ou encore de l' »éducation inclusive » restaient sur la table, « dans une société en retard ». Pour son président, Matthieu Annereau, cette situation « inacceptable », « met de côté 12 millions de personnes ».

### Un héritage en péril

L’organisation des Jeux paralympiques a levé un espoir pour toutes les personnes en situation de handicap, qui souhaitent désormais un héritage solide en matière de prise en compte de leurs droits. Cet espoir semble avoir été douché après l’annonce du gouvernement. « On nous parlait d’un héritage des Jeux paralympiques, il aura vite été enterré », a taclé sur X le Collectif handicaps, qui regroupe 54 associations. « J’avais dit que ces Jeux ne changeraient rien à notre quotidien », a aussi déclaré Florian Deygas. Mais jamais, je n’aurais imaginé qu’un gouvernement irait jusqu’à supprimer entièrement un ministère dédié aux personnes en situation de handicap pour les invisibiliser. Vous réalisez enfin que tout ce qu’on vous a dit pendant les Jeux olympiques et paralympiques n’était que du vent ?, a-t-il tancé sur X.

### Les assurances du ministre

Paul Christophe, ministre désormais concerné par le sujet du handicap, a souhaité rassurer les associations en publiant dans la soirée de samedi un message adressé au « monde du handicap ». « J’ai toujours eu à cœur de défendre les droits fondamentaux des personnes handicapées et une société plus inclusive. Ce n’est pas demain que cela va changer. Je m’y engage comme désormais ministre », a-t-il indiqué sur X. Florian Deygas, qui connaît le nouveau ministre, « se demande comment il va pouvoir gérer ce portefeuille important ».