Depuis sa nomination comme Premier ministre il y a près d’un mois, Michel Barnier a suscité de nombreuses attentes concernant les orientations de sa politique. Ce mardi à partir de 15 heures, il présentera la feuille de route de son nouveau gouvernement lors de sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale.
### Hausse des impôts et réforme fiscale
Pour faire face à la dette de 3.100 milliards d’euros, Michel Barnier a évoqué la possibilité d’une contribution « exceptionnelle et temporaire » de ceux qui ont les moyens de contribuer à l’effort de redressement des finances publiques. Cette proposition va à l’encontre du dogme macroniste en vigueur depuis 2017. Cependant, le Premier ministre a assuré qu’il protégerait de toute augmentation fiscale les travailleurs et les classes moyennes. Cette annonce a provoqué une réaction de la part du groupe présidentiel à l’Assemblée nationale, avec 27 députés Ensemble pour la République (EPR) s’opposant publiquement à toute augmentation des impôts.
Michel Barnier a souligné l’importance que l’effort fiscal soit juste, équilibré et concerté, et a affirmé qu’il n’alourdirait pas l’impôt des personnes les plus modestes ou des classes moyennes. Bien qu’il n’ait pas pris position sur le rétablissement de l’ISF, l’impôt sur la fortune, le Premier ministre n’a pas exclu la possibilité que les personnes les plus fortunées contribuent à l’effort national via des prélèvements ciblés qui pourraient également toucher certaines grandes entreprises.
### Réforme des retraites
Au cours de sa première interview télévisée, Michel Barnier s’est dit prêt à « améliorer » la réforme controversée qui a porté l’âge de départ à la retraite à 64 ans. Il a toutefois souligné son souhait de préserver le cadre financier décidé dans la loi en vigueur depuis le 1er septembre 2023. En réaction à cette réforme, des grèves et des manifestations sont prévues ce mardi à l’appel de la CGT, Solidaires et FSU, ainsi que d’organisations de jeunesse, pour réclamer l’abrogation de la réforme des retraites et l’augmentation des salaires. Près de 200 rassemblements sont prévus dans toute la France, avec des perturbations limitées du trafic SNCF.
### Politique migratoire
Michel Barnier sera également attendu sur la question migratoire, en particulier après les prises de position de son ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Le Premier ministre s’est prononcé en faveur d’une approche alliant rigueur et humanité pour maîtriser et limiter l’immigration, qu’il juge devenue insupportable et nuisant à l’accueil des personnes étrangères en France. Interrogé sur la suppression de l’Aide médicale d’État, Michel Barnier a affirmé qu’il n’y avait ni tabou ni totem, laissant ainsi planer le doute sur d’éventuelles réformes à venir dans ce domaine.
### Santé mentale en tant que grande cause nationale
Lors de son entretien sur France 2, le Premier ministre a annoncé son intention de faire de la santé mentale la « grande cause nationale » de l’année 2025. La psychiatrie connaît actuellement une crise en France, avec une multiplication par deux du nombre de patients en 20 ans, un tiers des postes de praticiens hospitaliers vacants et une diminution du nombre de lits. Un Conseil national de la refondation consacré à la santé mentale était prévu cet été mais a été annulé après la dissolution de l’Assemblée nationale.
### Autres sujets à l’ordre du jour
D’autres sujets pourront être abordés par le Premier ministre lors de sa déclaration de politique générale. Michel Barnier a assuré que les grandes lois sociétales, telles que l’interruption volontaire de grossesse, le mariage pour tous ou l’assistance médicale à la procréation, seront préservées. Il a également évoqué la nécessité de trancher sur le projet de loi sur la fin de vie, ainsi que sur la question de la proportionnelle, sujets sur lesquels les ministres conservateurs du gouvernement sont en désaccord. Enfin, des thématiques telles que le niveau de vie, les territoires et les services publics, ainsi que la transition écologique, seront également abordées.
Bien qu’il semble peu probable que Michel Barnier demande un vote de confiance à l’Assemblée nationale à l’issue de son discours, la gauche a déjà prévu de déposer une motion de censure en fin de semaine. De leur côté, l’extrême droite agite la menace d’une motion de censure sans préciser de date. Jeudi, le Premier ministre participera à sa première grande émission politique sur France 2, L’évènement, pour détailler sa feuille de route.