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Seize jours après sa nomination à Matignon le 5 septembre dernier, Michel Barnier a désormais un gouvernement composé de 39 membres, dont 17 de plein exercice. Il a été annoncé par l’Élysée ce samedi. La formation de ce gouvernement, qui fait la part belle aux nouveaux visages, arrive après plusieurs jours de consultations et d’ajustements de dernière minute, alors que plusieurs profils marqués trop à droite inquiétaient le MoDem.

Les macronistes sont-ils très représentés ? Quelle est la place des LR, la couleur politique du Premier ministre ? Emmanuel Macron conserve-t-il ses domaines réservés ? Voici les principaux enseignements.

Renaissance en nombre, un gouvernement sans « avenir » ?

La nouvelle équipe laisse une large place au parti macroniste Renaissance avec 12 membres dont la médiatique Rachida Dati reconduite à la Culture et une autre ex-sarkozyste Catherine Vautrin, ancienne présidente du Grand Reims, qui hérite d’un grand portefeuille des Territoires. La députée Maud Bregeon devient porte-parole du gouvernement, Marc Ferracci, lui aussi député, récupère l’Industrie et Astrid Panosyan-Bouvet, ancienne conseillère du chef de l’État, devient ministre du Travail et de l’Emploi.

Mais ce n’est pas du goût du Rassemblement national qui peut faire tomber ce nouvel exécutif s’il additionne ses voix à celles de la gauche qui lui a déjà promis la censure. Le parti d’extrême droite a immédiatement dénoncé « le retour du macronisme par une porte dérobée ». « C’est donc un gouvernement qui n’a aucun avenir », a menacé son président Jordan Bardella.

Les alliés d’Emmanuel Macron conservent également des portefeuilles : la Santé, les Affaires étrangères et la Ruralité pour le MoDem, un super ministre des Solidarités pour Horizons ou encore le Logement pour l’UDI. En tout, l’alliance du camp présidentiel compte 17 ministres, ministres délégués et secrétaires d’État.

### Les Républicains se font une place

Avec seulement 47 députés à l’Assemblée nationale, la présence des Républicains au gouvernement aurait pu paraître impossible. Michel Barnier étant issu des rangs du parti de droite, ils sont finalement bien représentés avec trois ministères d’envergure. Bruno Retailleau, sénateur de la Vendée, a été nommé au ministère de l’Intérieur. Très à droite sur l’immigration, opposé au mariage homosexuel et opposant politique notoire à Emmanuel Macron, il inquiétait très fortement les rangs du MoDem, le parti centriste. La numéro 2 du parti LR, Annie Genevard, hérite, elle, du ministère de l’Agriculture tandis que l’Alsacien Patrick Hetzel va s’installer au ministère de l’Enseignement supérieur.

Laurence Garnier, un temps pressentie à la Famille, récupère finalement le secrétariat d’État à la Consommation. Son nom avait défrayé la chronique pour son soutien à la Manif pour tous. En tout, dix ministres, ministres délégués et secrétaires d’État sont issus de LR.

### Un seul ministre étiqueté à gauche

Un seul ministre est issu de la gauche. Pourtant, le Nouveau Front populaire, arrivé en tête aux dernières législatives, dispose de 193 députés à l’Assemblée nationale. Didier Migaud, ancien socialiste et ex-président de la Cour des comptes, a été nommé ministre de la Justice. Il était l’actuel président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), chargée de vérifier la situation patrimoniale des ministres.

### Peu de poids lourd

Le gouvernement de Michel Barnier est composé de personnalités plutôt inconnues du public. Pour préserver un équilibre précaire, le gouvernement est composé pour l’essentiel de « seconds couteaux » relève le constitutionnaliste Benjamin Morel. « Ce qui permet qu’ils n’entrent pas en conflit les uns avec les autres, ou contestent Michel Barnier », explique-t-il. Car ce gouvernement, qui est privé de majorité absolue, « n’a aucun intérêt à légiférer à foison. Il doit être le moins irritant possible ».

Le Premier ministre a préféré tenir à l’écart les potentiels candidats à la présidentielle de 2027, dont le ministre sortant de l’Intérieur Gérald Darmanin et le chef des députés LR Laurent Wauquiez. En revanche, Le LR Bruno Retailleau est l’un des seuls poids lourds de ce nouvel exécutif.

### Un « bleu » pour Bercy

À Bercy, c’est un macroniste peu expérimenté, Antoine Armand, qui devient ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, un profil aux antipodes de Bruno Le Maire, son prédécesseur. Âgé de 33 ans, il était député de Haute-Savoie et président de la commission des Affaires économiques. Les Comptes publics reviennent à l’ex-député Laurent Saint-Martin, mais il sera rattaché directement à Matignon, alors que l’élaboration du budget 2025, qui a déjà pris un retard inédit, est considérée comme la priorité numéro un dans un contexte de dérapage budgétaire et de croissance atone.

### Emmanuel Macron conserve ses prérogatives

Que ce soit Jean-Noël Barrot aux Affaires étrangères ou Sébastien Lecornu aux Armées, ces deux ministres ne vont pas faire d’ombre à Emmanuel Macron qui conserve ses domaines réservés, sur lesquels il entend avoir son mot à dire. L’Éducation nationale a été confiée à Anne Genetet, députée des Français de l’étranger qui n’a aucune référence, dans ce secteur. Preuve que le président de la République veut rester ce super ministre de l’Éducation nationale.