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Le fondateur de Sea Shepherd, Paul Watson, parle depuis sa prison au Groenland: je n’ai aucun regret

Emprisonné depuis plus de deux mois au Groenland, le militant écologiste et grand défenseur des baleines Paul Watson attend d’être fixé sur son sort. Il est en détention provisoire jusqu’au 2 octobre 2024, après avoir été arrêté par les autorités danoises en juillet dernier, à cause d’un mandat émis par le Japon. Le Japon lui reproche d’anciennes actions avec son ONG de défense des océans Sea Shepherd (dont il est le fondateur) sur un de leurs navires baleiniers. Depuis, il attend que le Danemark se prononce sur son extradition au Japon, demandée par les autorités nippones.

Dans une interview accordée à France Télévisions, le militant écologiste et défenseur des baleines, détenu depuis deux mois, a affirmé qu’il était fier de toutes ses actions. Alors qu’en France et ailleurs dans le monde, Sea Shepherd, des militants écologistes et des politiques (dont Emmanuel Macron) demandent sa libération, le défenseur des baleines s’est exprimé pour la première fois depuis sa cellule à Nuuk, capitale du Groenland.

Des déclarations poignantes depuis sa cellule

Face aux caméras de France 2, qui ont pu entrer dans la prison, pour une interview exclusive, diffusée au JT de 20 h ce jeudi 26 septembre, Paul Watson a évoqué ses conditions de détention et l’attente de la décision d’extradition au Japon. « Oh, je n’imagine pas le Danemark m’extrader au Japon. S’ils m’envoient au Japon, je mourrai au Japon, c’est un fait. Je n’aurai pas un procès équitable, et je ne survivrai pas dans leur système carcéral. Je suis une personne très détestée au Japon », a-t-il déclaré d’emblée.

Le fondateur de Sea Shepherd a affirmé être « fier » de toutes les actions qu’il avait menées par le passé, pour défendre les baleines. « Je n’ai aucun regret. J’ai pris des risques incroyables durant tout ce temps, et je prends toujours ces risques. Je pense qu’ils en valent la peine, car si nous ne pouvons pas protéger les baleines, les dauphins, nous ne pourrons pas protéger la vie sauvage dans l’océan et l’océan n’y survivra pas. Si l’océan meurt, nous mourrons avec lui », a-t-il martelé.

Des accusations de violence contestées

Le Japon lui reproche, à lui et une équipe de Sea Shepherd, une action violente sur un navire baleinier en 2010, qui aurait entraîné des dommages et des blessures à l’équipage nippon. Mais Paul Watson dément, et se défend d’avoir toujours agi de façon non-violente. « Personne n’a été blessé. (…) Ma politique depuis 50 ans est ce que j’appelle la non-violence agressive ».

Le militant écologiste rappelle qu’à contrario, « ce que faisait le Japon était vraiment illégal », c’est-à-dire chasser des baleines dans le sanctuaire baleinier Antarctique (une zone où elles sont normalement protégées), sous couvert d’une justification scientifique, à des fins commerciales. « C’est une violation du moratoire de 1986 de la Commission baleinière internationale (CBI) sur la chasse commerciale à la baleine. En 2014, la Cour internationale de Justice de La Haye a statué que cette chasse à la baleine était illégale », rappelle le militant.

Une lutte pour la protection des océans

Le Japon, qui a quitté la CBI depuis 2018, a repris la chasse à la baleine depuis, et justifie cela comme une pratique ancestrale, utilisée quand la population mourrait de faim, après la guerre. Aujourd’hui, on sait que les Japonais consomment très peu de viande de baleine. Paul Watson a ajouté qu’il était bien traité en prison, mais qu’il était blessé à la main, depuis que la police danoise lui a passé les menottes en l’arrêtant en juillet, et qu’il ne peut pas écrire, et donc donner des nouvelles régulières à sa famille, notamment ses deux fils de 3 et 7 ans.

Le militant écologiste souligne que les gouvernements du monde ne font rien pour faire respecter le droit international de la conservation. « A quoi servent les traités, les règlements et les lois s’ils ne sont que sur papier et que personne ne les applique ? », se questionne-t-il. Paul Watson reste déterminé dans sa lutte pour la protection des océans et des espèces marines, malgré les obstacles et les poursuites dont il fait l’objet.